Méditerrannée: poubelle pour déchets toxiques

Publié le par Alternatifs06 pays de Grasse

France Info - 19 septembre 2009

La mafia transforme la Méditerranée en poubelle pour déchets toxiques


Reportage radio ici : http://www.france-info.com/spip.php?article344864



Après les révélations d’un ex-mafieux, la police italienne a découvert il y a une semaine une épave pleine de bidons radioactifs au large de la côte sud du pays. Cela confirme les suspicions qu’avaient les magistrats anti-mafia depuis plus de dix ans : la mafia calabraise se serait débarrassée des déchets toxiques d’une trentaine de navires au fond de la mer Méditerranée.

Dès 2006, Francisco Fonti, repenti de la Ndrangheta, la mafia calabraise, avait révélé que son organisation avait coulé le cargo Cunsky en 1992, avec 120 fûts radioactifs à bord. Mais, faute de moyens et de coopération des autorités, il a fallu des années aux magistrats pour découvrir l’épave toxique. « Pour l’instant, on ne connaît pas l’origine des déchets, mais il est probable qu’ils viennent de l’étranger. C’est une première avancée. », a déclaré Bruno Giordano, l’un de ces magistrats.

Fransisco Fonti a raconté le sabordage du Cunsky : « Nous avions des détonateurs, mais à courte portée, 300 mètres il me semble. On les a déclenchés depuis notre vedette. » Selon lui, les déchets nucléaires venaient de Norvège, et les explosifs des Pays-Bas.

La découverte du Cunsky n’est qu’une première étape. Les anciens mafieux auraient confessé que la Ndrangheta a été payée pour se débarrasser en mer des déchets radioactifs de 32 embarcations. La mafia a également transporté des milliers de fûts radioactifs en Afrique, selon les repentis. Parmi ces déchets, on trouverait notamment des produits toxiques tels que le plutonium, le thorium 234 ou le sulfate d’ammonium. Ces déchets ne seraient pas dangereux pour les baigneurs, mais peuvent l’être dans l’alimentation.

Depuis des années, des organisations écologistes, dont Legambiente et Greenpeace , ainsi que les magistrats dénoncent le silence de l’Etat sur le sujet. Des plaintes ont été déposées depuis 1994 mais les enquêtes archivées. Les autorités italiennes pourraient vouloir délibérément « enterrer ces affaires », explique Sebastiano Venneri, vice-président de Legambiente.
---------------------------------------------------------------------------------------Corse-Matin - 22 septembre 2009 - Jean-paul Cappuri
Des boues rouges aux fûts radioactifs
[Photo : Ces fûts radioactifs ont, pendant près de 20 ans et en toute impunité, été expédiés dans les entrailles de la Méditerranée. C'est-à-dire au coeur même de notre écosystème.]

 

Quand, le 27 avril 1974, et par un jugement du tribunal de Livourne, il fut mis un terme aux scélérats agissements de la multinationale Montedison, les défenseurs de l'écologie (toutes nationalités confondues) furent évidemment en droit, après deux ans d'une lutte acharnée, de crier victoire. En se doutant bien, toutefois, que s'ils avaient réussi à faire cesser les déversements au large du Cap-Corse des déchets toxiques issus de cette usine pétrochimique située à Scarlino (sur la côte toscane), la Méditerranée était loin d'être tirée d'affaire, c'est-à-dire mise à l'abri des plus terribles criminels dont ait à souffrir notre environnement.

Et effectivement, le répit pour cette dernière, n'aura été que de courte durée puisqu'il s'avère que, depuis le début des années 90, elle subit de leur part une nouvelle attaque particulièrement perfide. Il ne s'agit pas, cette fois, de déversements effectués dans la mer par des navires-citernes mais d'immersion de fûts contenant des déchets encore plus hautement toxique puisqu'issus de plusieurs centrales nucléaires.

Retour sur les circonstances qui ont conduit à la découverte du... pot aux roses (sic). Ce n'est qu'il y a quelques jours qu'a pu être localisée à une trentaine de kilomètres au large des côtes de la Calabre, l'épave du navire Le Cunski bourré jusqu'à la gueule de fûts (une centaine !) contenant des déchets radioactifs.

Une découverte due au témoignage d'un ancien membre de la mafia calabraise... à laquelle la Méditerranée doit en effet ce beau cadeau qui n'aurait, au demeurant, été ni le premier ni le dernier du genre. Aux dires du repenti en question, ce sont en effet plusieurs dizaines de navires qui auraient été envoyés par le fond avec une cargaison identique.

À moindre... coût !

Un « travail » qui aurait donc été commandé à la mafia par des lobbies de l'industrie nucléaire internationale. Sachant ce que leur coûtent le traitement puis l'enfouissement de tels déchets, il est aisé d'imaginer que c'est pour faire de substantielles économies (même si les services des maffiosi ne sont pas donnés !) que fut privilégiée cette solution.

Des opérations dont on n'est pas encore vraiment sûrs, par ailleurs, qu'elles aient été uniquement perpétrées face à la Calabre. Rien n'autorise encore les enquêteurs à affirmer avec une certitude absolue que les malfaiteurs ne sont jamais remontés plus haut, sur la côte ouest de la péninsule italienne.

En attendant le résultat des recherches en cours, il est certain que même si ces immersions ont été circonscrites à la zone la plus méridionale de l'Italie, cette pollution criminelle a forcément eu des effets sur notre environnement.

La mer Méditerranée n'est pas assez vaste pour ne pas souffrir dans son intégralité des mauvais traitements qu'on ferait subir à sa partie ligurienne (l'affaire des boues rouges de la Montedison) ou tyrrhénienne, comme cela a donc été le cas avec ces fûts radioactifs dont on découvre aujourd'hui qu'ils ont, pendant près de 20 ans et en toute impunité, été expédiés dans ses entrailles. C'est-à-dire au cœur même de notre écosystème.

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Note du Réseau "Sortir du nucléaire" : s'il est bien évident que les mafieux sont d'infâmes criminels, il ne faut pas oublier que c'est l'industrie nucléaire qui leur a livré les déchets radioactifs afin de s'en débarrasser à peu de frais. Cette même industrie nucléaire qui prétend se relancer aujourd'hui en Italie, avec ses "parrains" Berlusconi et Sarkozy...

 
Dernières nouvelles d'Alsace - 22 septembre 2009

Des déchets radioactifs coulés en Méditerranée par la mafia
C'est la preuve qui manquait. L'épave bourrée de bidons radioactifs, découverte au large de la côte sud italienne, confirme les révélations d'un ex-mafieux calabrais et les inquiétudes des associations environnementales sur la présence de déchets toxiques en Méditerranée.

 
C'est grâce aux déclarations à la justice du repenti de la 'Ndrangheta (mafia calabraise) Francesco Fonti, que l'épave du cargo Cunsky, coulé en 1992 par son organisation, a pu être retrouvée le 12 septembre au large des côtes de la Calabre.  Ces révélations à un magistrat anti-mafia du parquet de Milan remontent à 2006, mais il a fallu la ténacité d'un magistrat du parquet de Calabre, Bruno Giordano, et la mobilisation d'équipements sophistiqués, notamment un robot, pour retrouver, au bout de trois ans, la cargaison qui reposait par 500 mètres de fond avec 120 bidons de déchets radioactifs.  « Pour l'instant, on ne connaît pas l'origine des déchets, mais il est probable qu'ils viennent de l'étranger. C'est une première avancée », a déclaré M. Giordano.
 
« On risque de retrouver des substances toxiques dans nos assiettes ».  Cette découverte ne constitue qu'une première étape qui pourrait conduire à d'autres mauvaises surprises : le Cunsky ne serait que l'une des 32 embarcations coulées par la mafia dans la Méditerranée avec à bord des produits toxiques tels que le thorium 234, le plutonium ou le sulfate d'ammonium, selon le parquet de Reggio-Calabria.  « Selon les confessions de mafieux repentis, la 'Ndrangheta a été payée ces vingt dernières années pour se débarrasser de déchets radioactifs en mer », a déclaré Sebastiano Venneri, vice-président de Legambiente, l'organisation de défense de l'environnement qui avait dénoncé cette affaire avec Greenpeace.  Pour M. Venneri, ces déchets ne représentent « pas de danger pour les baigneurs », mais pour la chaîne alimentaire : « à partir des planctons contaminés, on risque de retrouver des substances toxiques dans nos assiettes ».

Le 21 avril 2006, le repenti a fait le récit au parquet de Milan du sabordage du Cunsky : « nous étions en janvier, il était environ 19h30. Nous avions des détonateurs, mais à courte portée, 300 mètres il me semble. On les a déclenchés depuis notre vedette ». Les explosifs, destinés à un usage militaire, provenaient des Pays-Bas et les déchets nucléaires de Norvège, a-t-il précisé. En outre, le repenti a expliqué cette semaine à la presse italienne que la 'Ndrangheta « avait transporté des milliers de fûts radioactifs en Afrique » : « en arrivant au port de Bosasso (port somalien surveillé à l'époque par les militaires italiens), les militaires italiens détournaient le regard ».  Et quand des fûts radioactifs qui s'étaient échappés de l'épave du Koraline, un cargo coulé en 1995, ont été retrouvés au large de la côte nord de la Sicile, le ministère de la Justice a classé le dossier.

D'ailleurs, depuis les premières plaintes déposées en 1994 par Legambiente, toutes les enquêtes concernant les navires disparus ont été archivées.  « C'est peut-être de la désinvolture de la part de l'Etat italien, mais il ne faut pas écarter l'hypothèse d'une volonté délibérée d'enterrer ces affaires », affirme M. Venneri.  Dans un entretien à la presse, l'ex-procureur de Reggio-Calabria Francesco Neri témoigne de « la légèreté » de l'Etat dans ces dossiers : en 1995, « le ministère de la Justice (lui) avait refusé un crédit de 50 000 euros » pour financer des recherches en mer, et ce « sans la moindre explication ».

Publié dans écologie

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